Les As de la chirurgie esthétique
Josseline Abonneau – Marie-Guy Baron
Édition Alphée
Extrait :
Pour accéder au niveau de la réputation d’excellence de la chirurgie esthétique en France, connu dans le monde sous le label « French touch » cela ne s’enseigne pas. Même avec du talent. Cela s’acquiert avec l’expérience. Cornette aime citer la formule du navigateur Olivier de Kersauson : » Si tu viens avec moi pendant un an sur mon bateau, je t’apprendrai 80 % de mon métier, mais les 20 % qui reste, il te faudra vingt ans pour les apprendre seul. » Et de conclure : « Dans ce métier, on vous considère à 40 ans comme un jeune chirurgien. Et bien après cette âge, chaque jour je me sens débutant. » En chirurgie esthétique, la patte s’affirme à 50 ans. De sa retraite provençale, son ami le professeur Jean-Marc Soubiran tranche : » Le moule cornettes n’existe plus. » Cornette, dernier prince de sa lignée ?
Chapitre 1
Star et graine de star
Une diva dans ses œuvres
Dans le cercle du parisianisme mondain, un Cornette de Saint Cyr, Pierre, flamboyant commissaire-priseur des grandes ventes internationales, fait parler dans les dîners en ville. Bernard, son frère cadet, et l’autre star de la fratrie mais il fuit les caméras. Sa notoriété tient à un talent évoqué à voix basse chez les femmes bien nées qui savent très bien que Bernard Cornette de Saint Cyr est l’aristocrate du lift. Au cœur du triangle d’or Trocadéro, Spontini, Victor-Hugo, « Cornette », pour les intimes, accueille ses patientes naturellement avec un baisemain, le dernier de sa profession à le faire. L’esthétique familiale s’affirme dès le salon d’attente : le cuir argent du canapé Chesterfield, l’éclat de couleurs du tapis « love », la place Tien An Men des toiles de Chen Li et l’éclectisme des objets traduisent l’esprit collectionneur du moment. L’esthète ne se livre que dans son bureau. Une collection rare de vases français en céramique des années 1950 tapisse les murs. Pour chacun, un éclairage spécial, dans sa niche. Lui, longiligne, aérien, veste de piqué de coton blanc et jeans « slim » virevolte de la porte à son fauteuil, vous enveloppe d’une courtoisie à la fois « cool » et précieuse. Tout concourt à donner à chacune le sentiment d’être une de ces princesse des Mille et Une Nuits qui en grand secret confie sa beauté pâlissante.
Bien que membre de l’association d’entraide de la noblesse française, il coupe court à l’idée reçue que ses quelques huit mille liftings seraient réservés au gotha. Montrant les visages « avant/après » d’octogénaires métamorphosées, il confie mettre à son art au service des plus humbles, qui ont longtemps économisé pour s’offrir un rêve de jouvence de riches. « Cornette » a organisé un paradis de la beauté dont il détient les clés d’accès et les multiples combinaisons : « chaque chirurgien ses œuvres; je fais les plus petits prix aux petites dames très modestes. Par exemple, je me suis autant appliqué au lifting d’une femme de ménage qui avait économisé dix ans pièce par pièce que pour une milliardaire ». Chez Cornette, à chacun son tarif : » Je ne suis pas une banque, je suis un être humain, les prix imposés seraient une catastrophe ». Avec grâce, la prosaïque question des tarifs et vite escamotée.
Manière toute personnelle, aussi, de rendre un peu de ce que Bernard Cornette de Saint Cyr a reçu des bonnes fées penchées au-dessus de son berceau à Marrakech, de son éducation à l’école des Roches et de l’héritage d’un père chirurgien, à même de favoriser sans peine une installation. Il a pu reprendre la clientèle convoitée du Docteur Jean-Paul Lintilhac, lui aussi originaire du Maroc, dont la belle épouse familière du Tout-Paris des sixties a contribué à la renommée.